Vie et aventures de Nicolas Nickleby - Tome I

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Auteur: Charles Dickens

Vie et aventures de Nicolas Nickleby - Tome I
bien
triste, ordinairement flanqué de quatre grands murs badigeonnés et
couronnés d’un rang de cheminées qui n’ajoutent pas à l’agrément du
paysage. Là, au fond de ce petit puits, s’étiole, tout le long de
l’année, un arbre rabougri qui se donne les airs de vouloir pousser
quelques feuilles en automne, à l’époque où elles tombent chez les
autres ; puis, succombant sous l’effort, tout crevassé, tout
enfumé, il retombe encore une fois dans sa langueur jusqu’à l’été
suivant, où il donne une nouvelle représentation avec le même
succès. Pourtant, si la température devient par hasard tout à fait
favorable, il n’est pas sans exemple que ses branches aient attiré
par leur séduction quelque pierrot mélancolique. Il y a des gens
qui donnent à ces cours sombres le nom de « jardins ».
Pourquoi ? je n’en sais rien. Personne ne peut supposer qu’ils
aient jamais été plantés ; il est bien plus vraisemblable que
c’étaient dans l’origine quelques tas de déblais restés sans
maître, embellis par la végétation qui peut naître dans des
plâtras. Quelque panier sans fond, quelques débris de bouteilles
cassées qu’on y jette à l’occasion, quand quelque locataire
emménage, y restent fidèlement jusqu’à son déménagement ; la
paille humide qu’on y dépose met à moisir tout le temps qu’il lui
plaît, sans que personne la dérange, et se mêle agréablement au
buis rare des bordures, aux arbres verts qui sont jaunes, aux pots
à fleurs ébréchés qui sont renversés là, tristement en proie aux
limaces, sous les gouttières. Tel était le jardin que M. Ralph
Nickleby contemplait à travers la fenêtre, assis dans son fauteuil,
et les mains dans ses goussets. Il avait les yeux fixés sur un
sapin tortu, planté par quelque ancien locataire dans un baquet,
jadis peint en vert, mais qu’on avait laissé, par insouciance,
depuis bien des années déjà, pourrir petit à petit tout à son aise.
Ce n’était pas précisément un coup d’œil divertissant, mais
M. Nickleby était enseveli dans une méditation profonde, et
semblait prêter à ce tableau peu séduisant une attention qu’il
n’aurait certainement pas voulu prêter sciemment à l’examen de la
plante exotique la plus rare. À la fin ses yeux s’égarèrent à
gauche, sur une autre petite croisée non moins sale, à travers
laquelle on voyait confusément la figure du commis, dont il
rencontra les regards ; il lui fit signe de venir.
    Docile à cette invitation, le clerc laissa là
sa haute escabelle, polie comme un miroir par un long commerce avec
sa culotte, et se présenta dans le cabinet de M. Nickleby.
C’était un homme grand, entre deux âges, avec des yeux à fleur de
tête, dont l’un paraissait immobile, le nez rubicond, la face
cadavéreuse, un accoutrement mal assorti de vêtements qui
montraient la corde, beaucoup trop petits pour sa taille, et où
l’on avait ménagé les boutons avec une telle

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